samedi 1 août 2020

Sauter le balai et la danse de l’argent. Publié en Acadiana Profile août-sept. 2020

Sauter le balai et la danse de l’argent: Les traditions matrimoniales en Acadiana

Chaque culture célèbre le mariage à sa façon et l’Acadiana ne fait pas exception. Nos traditions matrimoniales témoignent d’un grand sens de cohésion communautaire. Par exemple, on peut estimer la grandeur de la fête dans une unité de mesure un peu hétéroclite : la pirogue. Pour un petit mariage intime avec seulement quelques invités, on n’a besoin que d’une pirogue remplie de glace et de bière pour étancher leur soif. Un mariage plus grand nécessite deux pirogues. Mais pour les fastes qui font venir les marraines, les parrains, les cousins, les mémères et les pépères et même des gens dont on n’est pas trop sûr des liens de parenté, il faut trois grandes pirogues pleines de breuvage pour adulte. J’ai même entendu dire que parfois les jeunes enfants prenaient quelques bouteilles à l’insu des adultes, mais ce sont des rumeurs dont je n’ai aucune connaissance directe. 

Sauter le balai, une tradition normalement associée avec la communauté afro-américaine, est aussi connue parmi la population cadienne, mais à un moindre degré. Du temps de l’esclavage, les propriétaires ne reconnaissaient pas le mariage parmi les gens asservis. Entre eux, malgré l’interdiction, les unions de couples étaient reconnues par une cérémonie qui consistait à marcher ou à sauter par-dessus un balai. Après la Guerre de Sécession, le mariage entre Noirs était reconnu et la tradition est tombée en désuétude. Ce n’était qu’avec la célèbre série télévisée « Racines » que la pratique est revenue à la mode. Le balai joue un autre rôle dans les mariages en Louisiane de sud. Si un frère ou une sœur aîné-e n’est pas encore marié-e lors du mariage de son cadet, il ou elle doit danser avec un balai, souvent pieds-nus de préférence.

Le charivari est sans doute une tradition dont on parle beaucoup mais qu’on ne fait plus. Autrefois, quand la mortalité des femmes en couche était plus élevée et l’espérance de vie en général était plus faible, le veuvage était commun. Le remariage était souvent le moment où toute la communauté jugeait si c’était approprié ou pas. Si elle trouvait qu’il y avait un trop grand écart d’âge entre les mariés ou si c’était le deuxième mariage aux deux, tout le voisinage arrivait chez les nouveaux mariés en faisant un vacarme pas possible autour de la maison jusqu’à ce qu’on soit invité à boire du café et à manger du gâteau. Comme on peut imaginer, la soirée ne se terminait pas toujours bien. Petit à petit, la pratique s’est perdue.

Enfin, la tradition la plus emblématique est la danse de l’argent. Les invités, avant de danser avec la mariée, doivent épingler des billets de banque à son voile. L’image d’une jeune femme avec des centaines de piastres sur elle est aussi iconique que la mousse espagnole et les alligators. Dans un esprit égalitaire, on peut aussi voir de nos jours le smoking du marié se couvrir d’images de Thomas Jefferson et de Benjamin Franklin. Un mariage en Acadiana réunit plus qu’un couple. Il resserre les liens qui nous unissent tous.

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