jeudi 27 janvier 2022

Traiteurs, plantes et prières : le naturel et le surnaturel de la guérison. Acadiana Profile fév-mars 2022


 Traiteurs, plantes et prières : le naturel et le surnaturel de la guérison

 

Bien avant la création des premières facultés de médecine en Europe au XIIe siècle, les gens avaient besoin de guérison dans chaque région du monde et à chaque époque historique. Les remèdes traditionnels varient de culture en culture, mais ils sont tous porteurs d’une connaissance ancestrale des pratiques médicinales passées de génération en génération. La Louisiane, avec ses populations diverses et anciennes, ne fait pas exception. Les botanistes d’ici connaissent certaines plantes natives utilisées comme remède contre plusieurs troubles de santé : par exemple, l’herbe cabri contre la fièvre, la mauve contre la coqueluche et le mamou contre la toux et une vaste gamme d’autres malaises. À part la connaissance des plantes qui contiennent des ingrédients actifs utilisés dans des médicaments commercialisés comme les recherches ont prouvé, les guérisseurs, qu’on appelle traiteurs chez nous, font appel aussi à une puissance au-delà de la nature pour guérir. J’en ai connu plusieurs dans ma vie et j’en connais encore. Chacun a sa spécialité.

 

à dr. Lawrence Billiot, traiteur houma
extrait du film "Good For What Ails You"
de Glen Pitre
Comme le beau-père de mon oncle. Il traitait les chevilles et poignets foulés et les petites fractures. Une autre voisine traitait les insolations, ou « coups de soleil », que mon cousin est allé voir un jour. Elle a tenu un récipient en étain au-dessus de sa tête en priant. Bientôt il a entendu l’eau mijoter. Son mal de tête et sa fièvre sont partis dans l’après-midi. Il est retourné jouer dehors, mais sa mère l’a quand même fait porter une casquette. Cette même tante, sujette aux migraines, est allée voir des docteurs en ville, sans aucun effet. On lui a parlé d’un monsieur qui restait en bas du bayou qu’on ne pouvait visiter qu’en pirogue. Après deux séances, il a fait ce que ces médecins n’ont pas pu faire : la guérir à toujours de ses maux de tête.

 

Une autre fois, ma propre mère avait un poreau, une verrue en français standard. Le « traitement » classique, c’est de couper une patate en deux et de frotter le poreau. Puis, le traiteur donne une cuillère et indique un endroit où l’enterrer. Le poreau tombe quand la patate s’est pourrie. Mais ma mère ne voulait pas attendre. Elle a cherché une femme qu’elle connaissait qui avait un traitement éclair qui consistait de lécher son doigt et de faire le signe de la croix sur le poreau, tout en priant. Presque tout de suite, elle sentait une intense chaleur, comme si on l’avait brûlée. Le lendemain, le poreau est tombé. Histoire vraie.

 

Malgré la prévalence de la médecine moderne, les traiteurs sont toujours appréciés dans notre culture. Comme une femme traiteur m’a récemment dit, « Dieu est le seul traiteur. Tout ce que je fais, ça vient de Lui. Faut pas dire autre chose que « Merci Bon Dieu » pour le traitement. L’argent ne doit pas changer de main. Mes prières viennent de traiteurs avant moi. Je vas les passer à d’autre monde après moi » Elle sait que la vraie guérison jaillit d’une foi généreuse et d’un savoir ancien.


"Good For What Ails You" de Glen Pitre

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