dimanche 27 mars 2022

Charlene Richard : Un grand pas vers le Bon Dieu, publié dans Acadiana Profile avril-mai 2022

Charlene Richard : Un grand pas vers le Bon Dieu

Au milieu de la prairie du sud-ouest de la Louisiane, dans le village de Richard, se trouve un petit cimetière, sur la rue Charlene. Il est devenu, au fils des ans, un lieu de pèlerinage pour celles et ceux en quête d’une intercession divine. Enterrée là est une jeune fille, morte à l’âge de douze ans, que plusieurs fidèles considèrent comme une sainte. Pour la population catholique de la région, le nom de Charlene Richard est synonyme d’une croyance à toute épreuve et source de fierté cadienne. Les histoires de guérisons prodigieuses, sa dévotion à Sainte-Thérèse de Lisieux et sa foi inébranlable face au diagnostic d’une leucémie douloureuse et fatale sont connues localement depuis son décès en 1959. Selon les compagnons de ses derniers jours à l’hôpital, les patients pour lesquels elle a prié ont eu des rétablissements inexpliqués. Elle n’y est restée que quinze jours, mais ce court séjour a scellé sa réputation d’enfant miraculeux. Ce n’était qu’au cours des années 70 et 80, avec la publication d’articles et de deux livres que sa vie a commencé à attirer plus d’attention des croyants. Trente ans après la mise dans sa dernière demeure, une messe en plein air a été célébrée en honneur de la « Petite Sainte cadienne » à laquelle 4 000 personnes ont assisté. Cet événement était mentionné par la presse et la télévision locales, et même CNN. Dès lors, sa renommée n’a fait que croître bien au-delà des confins de la paroisse d’Acadie.

Dans le langage courant, on nomme saint quiconque qui a un air de sainteté. Pour l’Église catholique, ce n’est évidemment pas si simple. Le processus de canonisation est long et ardu. Il peut prendre des décennies, voire des siècles. En janvier 2020, l’évêque Deshotel a formellement ouvert le processus de béatification, la première étape, et de canonisation de Charlene. Membre du comité qui a préparé ce dossier, Warren Perrin a contribué à l’aspect culturel du projet. « Ce fut un honneur d'avoir été invité à participer à la préparation du livre de 300 pages concernant l'histoire de la famille Richard en général et la généalogie de Charlene en particulier. Puisqu'elle est connue sous le nom de "Sainte cadienne", j'ai dû préparer une explication détaillée pour le Vatican de ce que cela signifie d'être Cadien. » À la fin de 2021, un nonce papal, le père Luis Escalante, a rendu visite à une exposition dédiée à Charlene au Musée acadien d’Erath géré par Perrin.

 

Étant donné que Charlene aurait 75 ans aujourd’hui, ce dossier avance avec célérité. Comme Sainte Thérèse de Lisieux—elle aussi morte jeune, canonisée 28 ans après et désignée, après Jeanne d’Arc, comme la deuxième sainte patronne de la France—elle est devenue le symbole de la foi catholique de notre région. Même sans la désignation officielle, on la considère déjà comme notre sainte patronne. En franchissant ce grand pas vers le Bon Dieu, Charlene peut officiellement devenir, selon la folkloriste Marcia Gaudet, « l’équivalent d’un ange personnalisé pour la culture cadienne ».


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