Dix Ans Après: Aucun enfant laissé en arrière et
l’immersion. Publié en avril-mai 2011 dans Acadiana Profile.
Au
début de cette année 2010-2011, le ministère de l'éducation de Louisiane a
compté 3 416 élèves en immersion française répartis sur 29 écoles dans neuf
paroisses. Ils sont 3 416 raisons de croire en l'avenir du français en
Louisiane. Certes, on peut dire que ce n'est qu'une partie négligeable de la
population. C'est vrai. Mais il est également vrai que ces chiffres aurait pu
être beaucoup plus petits, zéro. La plus grande vérité est que ces chiffres
pourraient et devraient être plus importants, parce que chaque année, par
manque de place, plusieurs enfants se ne voient pas accorder la chance d'être
inscrits en immersion et n'obtiennent que la liste d'attente. Un enfant, sauf
dans des circonstances exceptionnelles, ne peut intégrer un programme
d'immersion après la première année.
Nos programmes, constamment menacés de coupures pour
des raisons purement fiscales, continuent à progresser, malgré tout, à un taux
d'environ 4 et 8 pour cent chaque année. Sur les dix dernières années, numéros
d'inscription ont augmenté de 65 pour cent !
Pour cette même période, on a vu le nombre d'étudiants
de français langue seconde baisser de 46 pour cent et le nombre total
d'étudiants inscrits dans un programme de langue seconde, peu importe la
langue, reculer de 18,5 %. Il y a dix ans, le Congrès a adopté une loi connue
sous le nom de « Aucun enfant laissé en arrière ». Elle a
radicalement changé notre façon d'évaluer nos élèves et nos enseignants. C’est
à partir de ce moment qu'on voit le déclin rapide dans les inscriptions non
seulement en langues secondes, mais aussi dans la musique, les arts et les
autres sujets dont l'impact direct sur l'amélioration des scores aux tests
standardisés n'a pas été reconnu. En dépit de la quantité massive d'études
réalisées sur une longue période de temps qui ont prouvé le lien direct entre
le succès sur ces tests "grand-enjeu" et l'enseignement de ces matières
qui ont renforcé les sujets « noyau » (anglais, mathématiques et
sciences), école après école ont terminé les cours de français langue seconde,
souvent dans les paroisses qui avaient enseigné le français depuis le début du
CODOFIL.
Dix ans plus tard, on peut constater que les choses se sont
calmées un peu, la valeur de l'enseignement des sujets tels que la musique, les
arts et les langues sont mieux reconnues et que l'immersion continue de
croître. Il répond à la fois aux exigences d'obtenir de meilleurs résultats
scolaires et les désirs de certains secteurs de la population qui veulent la
réintroduction du français en Louisiane. Le français langue seconde a eu au
moins le mérite de réintroduire français où il a été banni autrefois, mais on
doit admettre qu'il n'a pas produit une énorme quantité de francophones. Nos
programmes d'immersion ont atteint les résultats escomptés et ce, combiné avec
l'énorme soutien des parents qui se mobilisent chaque fois que l'ombre du
danger d'élimination se présente, est pourquoi les paroisses ne pensent pas
trop longtemps à se débarrasser d'eux. Il est bien connu, avec preuves à
l'appui, que les élèves d’immersion font aussi bien, sinon mieux, que leurs
amis monolingues sur les tests standardisés en anglais. Et en outre, ils
quittent immersion bilingue, voire trilingue, dans certains cas.
Enfin, il ne faut pas oublier que, au beau milieu de
cette décennie, deux événements majeurs ont frappé nos côtes : la tristement
célèbre Katrina et sa sœur moins célèbre mais tout aussi méchante, Rita. Après
la confusion et le désespoir des semaines après la destruction, parmi les
premières écoles de rouvrir à la Nouvelle Orléans étaient des écoles
d'immersion française, un espoir pour la ville. Il s'agit d'une preuve du
dévouement absolu des parents, les enseignants et les administrateurs ont à
immersion. Parmi toutes les idées nouvelles étant essayées d'améliorer notre
système d'éducation, en particulier à la Nouvelle Orléans, l'immersion semble
couper une place de choix. Bientôt, une nouvelle école d'immersion ouvrira ses
portes. Le Lycée Français de la Nouvelle-Orléans va commencer avec des sections
de prématernelle et de maternelle. Bien qu'il suivra le programme français pour
finir avec, en 2018, le baccalauréat français, ce sera une école à charte louisianaise.
Certains diront que c'est ironique, d'autres seulement
la justice, mais il semble que le français, en dépit d'avoir été interdit à
l'école par la constitution de l'État, jouera un rôle de plus en plus important
dans l'avenir de l'éducation en Louisiane.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire