dimanche 14 avril 2013


Dix Ans Après: Aucun enfant laissé en arrière et l’immersion. Publié en avril-mai 2011 dans Acadiana Profile.

Au début de cette année 2010-2011, le ministère de l'éducation de Louisiane a compté 3 416 élèves en immersion française répartis sur 29 écoles dans neuf paroisses. Ils sont 3 416 raisons de croire en l'avenir du français en Louisiane. Certes, on peut dire que ce n'est qu'une partie négligeable de la population. C'est vrai. Mais il est également vrai que ces chiffres aurait pu être beaucoup plus petits, zéro. La plus grande vérité est que ces chiffres pourraient et devraient être plus importants, parce que chaque année, par manque de place, plusieurs enfants se ne voient pas accorder la chance d'être inscrits en immersion et n'obtiennent que la liste d'attente. Un enfant, sauf dans des circonstances exceptionnelles, ne peut intégrer un programme d'immersion après la première année.

Nos programmes, constamment menacés de coupures pour des raisons purement fiscales, continuent à progresser, malgré tout, à un taux d'environ 4 et 8 pour cent chaque année. Sur les dix dernières années, numéros d'inscription ont augmenté de 65 pour cent !

Pour cette même période, on a vu le nombre d'étudiants de français langue seconde baisser de 46 pour cent et le nombre total d'étudiants inscrits dans un programme de langue seconde, peu importe la langue, reculer de 18,5 %. Il y a dix ans, le Congrès a adopté une loi connue sous le nom de « Aucun enfant laissé en arrière ». Elle a radicalement changé notre façon d'évaluer nos élèves et nos enseignants. C’est à partir de ce moment qu'on voit le déclin rapide dans les inscriptions non seulement en langues secondes, mais aussi dans la musique, les arts et les autres sujets dont l'impact direct sur l'amélioration des scores aux tests standardisés n'a pas été reconnu. En dépit de la quantité massive d'études réalisées sur une longue période de temps qui ont prouvé le lien direct entre le succès sur ces tests "grand-enjeu" et l'enseignement de ces matières qui ont renforcé les sujets « noyau » (anglais, mathématiques et sciences), école après école ont terminé les cours de français langue seconde, souvent dans les paroisses qui avaient enseigné le français depuis le début du CODOFIL.

Dix ans plus tard, on peut constater que les choses se sont calmées un peu, la valeur de l'enseignement des sujets tels que la musique, les arts et les langues sont mieux reconnues et que l'immersion continue de croître. Il répond à la fois aux exigences d'obtenir de meilleurs résultats scolaires et les désirs de certains secteurs de la population qui veulent la réintroduction du français en Louisiane. Le français langue seconde a eu au moins le mérite de réintroduire français où il a été banni autrefois, mais on doit admettre qu'il n'a pas produit une énorme quantité de francophones. Nos programmes d'immersion ont atteint les résultats escomptés et ce, combiné avec l'énorme soutien des parents qui se mobilisent chaque fois que l'ombre du danger d'élimination se présente, est pourquoi les paroisses ne pensent pas trop longtemps à se débarrasser d'eux. Il est bien connu, avec preuves à l'appui, que les élèves d’immersion font aussi bien, sinon mieux, que leurs amis monolingues sur les tests standardisés en anglais. Et en outre, ils quittent immersion bilingue, voire trilingue, dans certains cas.

Enfin, il ne faut pas oublier que, au beau milieu de cette décennie, deux événements majeurs ont frappé nos côtes : la tristement célèbre Katrina et sa sœur moins célèbre mais tout aussi méchante, Rita. Après la confusion et le désespoir des semaines après la destruction, parmi les premières écoles de rouvrir à la Nouvelle Orléans étaient des écoles d'immersion française, un espoir pour la ville. Il s'agit d'une preuve du dévouement absolu des parents, les enseignants et les administrateurs ont à immersion. Parmi toutes les idées nouvelles étant essayées d'améliorer notre système d'éducation, en particulier à la Nouvelle Orléans, l'immersion semble couper une place de choix. Bientôt, une nouvelle école d'immersion ouvrira ses portes. Le Lycée Français de la Nouvelle-Orléans va commencer avec des sections de prématernelle et de maternelle. Bien qu'il suivra le programme français pour finir avec, en 2018, le baccalauréat français, ce sera une école à charte louisianaise.

Certains diront que c'est ironique, d'autres seulement la justice, mais il semble que le français, en dépit d'avoir été interdit à l'école par la constitution de l'État, jouera un rôle de plus en plus important dans l'avenir de l'éducation en Louisiane.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire