dimanche 14 avril 2013


Le 15 août, fête sacrée ou sacrée fête? Publié en août-septembre 2011 dans Acadiana Profile.

Depuis son adoption comme la Fête nationale des Acadiens en juillet 1881 au moment du premier congrès acadien à Memramcook au Nouveau-Brunswick, le 15 août, la fête de l’Assomption, tient une place de choix à la fois dans les calendriers laïc et liturgique de l’Acadie. Trois ans plus tard, pendant le deuxième congrès à Miscouche , l’Île du Prince Édouard, le père François-Marcel Richard, qui avait déjà poussé pour la sélection du 15 août, a également avancé le choix d’un hymne national, Ave Maris Stella, et un drapeau, le tricolore français frappé d’une étoile jaune dans le champ bleu, le saint patronage des Acadiens a été confié à la Sainte Vierge, Marie. Si cette célébration aujourd’hui est devenue dans les provinces maritimes du Canada une énorme fête d’été où l’on affiche sa fierté d’être Acadienne ou Acadien en faisant un Tintamarre, c’est-à-dire une parade bruyante où l’on tape sur des casseroles et d’autres objets métalliques, ici en Louisiane, cette journée a surtout gardé son aspect religieux.  Cela ne veut pas dire pour autant que certaines organisations, notamment le Monument acadien à Saint-Martinville, ne fassent pas d’efforts pour que le 15 août ne soit pas une journée pour afficher sa fierté acadienne. Il est intéressant de noter que Saint-Martinville fait sa promotion touristique autour d’une autre femme connue pour son courage et sa dévotion, Évangeline. Néanmoins, la relation spéciale entre Marie et les Acadiens de partout est indéniable.
En Acadie, la saison estivale est l’occasion de sortir en plein air, débarrassé des épaisses couches de vêtements nécessaires pour vivre l’hiver canadien. On comprend qu’ils ont envie de se défouler. En Louisiane, en plein milieu du redoutable mois d’août, les gens préfèrent rester dans leurs intérieurs climatisés plutôt que de se balader sous un soleil impitoyable.  Pourtant, les Cadiens de la Louisiane ne sont pas moins dévoués à la Sainte Vierge et sa fête de l’Assomption. Au contraire, les Louisianais catholiques semblent y vouer une dévotion sans parallèle. Pendant mes pérégrinations à travers Acadiana, je sais que je peux toujours identifier immédiatement les voisinages avec une forte concentration de Cadiens : je n’ai qu’à compter le nombre de statues mariales. Tout comme l’étoile sur le drapeau d’Acadie, celle qu’on trouve sur le drapeau d’Acadiana, qui symbolise également nos origines françaises à travers les trois fleurs de lys et nos attaches à l’Espagne de par le château de Castille, marque non seulement notre appartenance à la République américaine grâce à la participation des premiers Acadiens en Louisiane à la Révolution américaine sous Galvez, mais aussi et surtout notre dévouement à la Sainte Patronne des Acadiens.
Bien que le premier congrès acadien ait eu lieu il y a 130 ans, ce n’est que depuis 1994 avec le premier Congrès Mondial Acadien que les Cadiens de la Louisiane se font à l’idée d’un rassemblement des tous les Acadiens de la diaspora. Certes, certains échanges entre les deux peuples étaient déjà anciens et même célèbres, telle la visite de Dudley LeBlanc et ses « Évangeline » au début des années 30 qui a pris les allures d’un pèlerinage, couronnée par un arrêt à la Maison Blanche de Herbert Hoover. Depuis ce temps, et surtout depuis le Congrès Mondial Acadien-Louisiane 1999, les Acadiens du Nord et les Cadiens de la Louisiane ont multiplié les points de contacts, au point où de nombreux Louisianais se dirigent vers le Nord chaque été pour échapper à la chaleur moite des bayous et pour se joindre à la célébration de l’Acadie autour du 15 août. Il est sûr que la fête de l’Assomption place l’identité acadienne carrément sous le signe de Marie pour rassembler les Acadiens où qu’ils soient. Il est reste à savoir si c’est une fête sacrée, une sacrée fête ou les deux!

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