Le 15 août,
fête sacrée ou sacrée fête? Publié en août-septembre 2011 dans Acadiana Profile.
Depuis son
adoption comme la Fête nationale des Acadiens en juillet 1881 au moment du
premier congrès acadien à Memramcook au Nouveau-Brunswick, le 15 août, la fête
de l’Assomption, tient une place de choix à la fois dans les calendriers laïc
et liturgique de l’Acadie. Trois ans plus tard, pendant le deuxième congrès à
Miscouche , l’Île du Prince Édouard, le père François-Marcel Richard, qui avait
déjà poussé pour la sélection du 15 août, a également avancé le choix d’un
hymne national, Ave Maris Stella, et
un drapeau, le tricolore français frappé d’une étoile jaune dans le champ bleu,
le saint patronage des Acadiens a été confié à la Sainte Vierge, Marie. Si
cette célébration aujourd’hui est devenue dans les provinces maritimes du
Canada une énorme fête d’été où l’on affiche sa fierté d’être Acadienne ou
Acadien en faisant un Tintamarre,
c’est-à-dire une parade bruyante où l’on tape sur des casseroles et d’autres
objets métalliques, ici en Louisiane, cette journée a surtout gardé son aspect
religieux. Cela ne veut pas dire pour
autant que certaines organisations, notamment le Monument acadien à
Saint-Martinville, ne fassent pas d’efforts pour que le 15 août ne soit pas une
journée pour afficher sa fierté acadienne. Il est intéressant de noter que
Saint-Martinville fait sa promotion touristique autour d’une autre femme connue
pour son courage et sa dévotion, Évangeline. Néanmoins, la relation spéciale
entre Marie et les Acadiens de partout est indéniable.
En Acadie,
la saison estivale est l’occasion de sortir en plein air, débarrassé des
épaisses couches de vêtements nécessaires pour vivre l’hiver canadien. On
comprend qu’ils ont envie de se défouler. En Louisiane, en plein milieu du
redoutable mois d’août, les gens préfèrent rester dans leurs intérieurs
climatisés plutôt que de se balader sous un soleil impitoyable. Pourtant, les Cadiens de la Louisiane ne sont
pas moins dévoués à la Sainte Vierge et sa fête de l’Assomption. Au contraire,
les Louisianais catholiques semblent y vouer une dévotion sans parallèle.
Pendant mes pérégrinations à travers Acadiana, je sais que je peux toujours
identifier immédiatement les voisinages avec une forte concentration de
Cadiens : je n’ai qu’à compter le nombre de statues mariales. Tout comme
l’étoile sur le drapeau d’Acadie, celle qu’on trouve sur le drapeau d’Acadiana,
qui symbolise également nos origines françaises à travers les trois fleurs de lys
et nos attaches à l’Espagne de par le château de Castille, marque non seulement
notre appartenance à la République américaine grâce à la participation des
premiers Acadiens en Louisiane à la Révolution américaine sous Galvez, mais
aussi et surtout notre dévouement à la Sainte Patronne des Acadiens.
Bien que le
premier congrès acadien ait eu lieu il y a 130 ans, ce n’est que depuis 1994
avec le premier Congrès Mondial Acadien que les Cadiens de la Louisiane se font
à l’idée d’un rassemblement des tous les Acadiens de la diaspora. Certes,
certains échanges entre les deux peuples étaient déjà anciens et même célèbres,
telle la visite de Dudley LeBlanc et ses « Évangeline » au début des
années 30 qui a pris les allures d’un pèlerinage, couronnée par un arrêt à la
Maison Blanche de Herbert Hoover. Depuis ce temps, et surtout depuis le Congrès
Mondial Acadien-Louisiane 1999, les Acadiens du Nord et les Cadiens de la
Louisiane ont multiplié les points de contacts, au point où de nombreux Louisianais
se dirigent vers le Nord chaque été pour échapper à la chaleur moite des bayous
et pour se joindre à la célébration de l’Acadie autour du 15 août. Il est sûr
que la fête de l’Assomption place l’identité acadienne carrément sous le signe
de Marie pour rassembler les Acadiens où qu’ils soient. Il est reste à savoir
si c’est une fête sacrée, une sacrée fête ou les deux!
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