mercredi 31 mars 2021

Le Coton jaune : La fibre courte avec une longue histoire. Acadiana Profile avril-mai 2021

 Le Coton jaune : La fibre courte avec une longue histoire

Oublié depuis longtemps à cause de sa faible valeur commerciale, le coton jaune connaît une renaissance de popularité parmi celles et ceux qui veulent retrouver l’esthétique de « fait-maison ». Pas aussi convoité commercialement que le coton blanc, sa culture est longtemps restée une affaire de famille. Sa fibre plus courte rendait le coton jaune difficile à exploiter à grande échelle, et donc difficile à vendre. Les habitants faisaient pousser le coton jaune pour leur propre consommation. L’arrivée des vêtements prêt-à-porter dans les magasins, ainsi qu’une plus grande circulation d’argent liquide, aurait pu signaler la fin de l’histoire du coton jaune et pourtant...


Un champ de coton jaune
Un champ de coton jaune

La culture du coton jaune nécessite une attention particulière et un effort physique considérable. On plante les graines une par une à un ou deux pouces de profondeur. Traditionnellement, la plantation avait lieu après Pâques, quand le sol ne risquait plus de geler, et après celle du coton blanc. Selon Gladys LeBlanc Clark, considérée comme la plus grande des maîtresses-tisserandes, son père Ambrose choisissait l’heure la plus chaude de la journée pour planter. Les premières pousses apparaissent de trois à cinq jours après. On doit garder sa pioche aiguisée pour ôter les mauvaises herbes qui menacent d’étouffer les grabots avant qu’ils ne fleurissent quelques semaines après leur parution. Sa saison de croissance dure deux mois à peu près après la floraison. La récolte du coton jaune est un peu plus facile que celle du coton blanc parce que ses tiges sont plus hautes et donc on doit moins se pencher. Mais on doit le faire plus souvent.

 

Une fois ramassé, le travail ne fait que commencer. Le coton doit se faire égrener et peigner, des tâches laborieuses qui mobilisent le voisinage. Souvent les plus jeunes de la famille étaient enrôlés à séparer les graines du coton dans un travail collectif, la graboterie. On organisait des réunions de femmes qu’on appelait des écarderies. Les écardes sont des planches en bois avec une manche et des petits peignes. On frotte les deux planches ensemble avec le coton au milieu pour faire une roulée. Ensuite, on met la roulée sur le rouet pour faire du fil. Le fil va sur le métier pour le tisser. Enfin, on prend le tissu pour tailler des vêtements. Cette procédure peut prendre plus d’un an avant de pouvoir porter une nouvelle jupe ou chemise. Ce n’est pas étonnant que dès qu’il était possible, on préférait acheter son linge.


Des roulées de coton jaune

Un peu comme les écarderies et les graboteries, qui sont dans la même veine de travail communal que les boucheries, c’est grâce aux efforts d’une communauté d’activistes rassemblés autour d’un but commun que le coton jaune revient à la mode. Sans mauvaise blague, c’est dans l’étoffe de notre culture. Sa redécouverte a inspiré un documentaire, le bien-nommé « Coton jaune » et des expositions qui ont attiré de nouveaux adeptes. Ils ont même formé un groupe, « Field to Fashion in Acadiana » dédié, comme Voltaire, à cultiver son jardin de coton jaune. 


Pour plus d'information:

https://www.acadianbrowncotton.com 

https://thefabricofacadiana.org