samedi 29 mai 2021

La Porte en arrière est toujours ouverte : Le destin incroyable de D. L. Ménard Acadiana Profile juin-juillet 2021

 La Porte en arrière est toujours ouverte : Le destin incroyable de D. L. Ménard

D.L.Menard par David
Simpson au Festival
Black Pot, 2008
Ce mois de juillet marque le quatrième anniversaire du décès du musicien D. L. Ménard, l’auteur de « La Porte en arrière », la chanson cadienne la plus enregistrée et la plus jouée selon le folkloriste Barry Jean Ancelet. Elle rivalise avec « Jolie Blonde » pour le titre de l’hymne national cadien. Connu comme le « Hank Williams » cadien, il a composé en moins d’une heure pendant qu’il travaillait dans une station-service en prenant inspiration de « Honky Tonk Blues ». Enfin, la composition a duré tout l’après-midi car entre faire le plein d’essence ou changer les pneus crevés, il griffonnait sur un bout de papier en anglais les paroles qui lui venaient à l’esprit en français. Le français était sa langue maternelle, mais comme la majorité dans sa génération, il ne savait pas l’écrire. Ce porte-étendard culturel improbable qui tenait un atelier de menuiserie où il fabriquait des chaises et des berceuses en bois de frêne—qui sont aujourd’hui des pièces de collection—a fait le tour du monde. « Cette porte en arrière m’a amené dans trente-huit pays », dit-il. Cet ambassadeur iconique, avec son sourire contagieux et sa bonhomie à toute épreuve, est parti de chez lui pour la toute première fois en 1973 pour aller au Festival Wolf Trap en Virginie.

 

Le succès de la chanson était immédiat. En 1961, il a enregistré la chanson à ses propres frais « La Porte d’en arrière a sorti un mercredi et ce samedi-là, j’avais récupéré mes 175$ déjà et il m’en restait assez pour partager avec les autres musiciens. Ce soir-là, on a dû le jouer sept fois sur la scène. » Du point de vue musical, elle tient plus du genre « country » que des traditionnels two-steps et valses du répertoire cadien. Cela est dû à l’influence de Hank Williams qu’il a rencontré en 1951. « Sois toi-même! Crée ta propre image, » lui a-t-il conseillé. C’est ce que Ménard a fait. Normalement, c’est le joueur d’accordéon ou de violon qui est populaire et le guitariste est relégué à l’arrière de la scène. Ménard a amené la guitare en avant. Il a développé un style si unique que la musicologue Ann Savoy dit que dans la musique cadienne, il y a deux façons de jouer : le style des vieux temps et le style de D. L. Ménard.

 

Quand on lui demandait ce que ses initiales représentaient, sa réponse était toujours la même, « Darn Lucky » (sacrément chanceux). À la fin, sa renommée mondiale était telle que même le New York Times a publié sa nécrologie. « C’est incroyable, un petit bougre d’Erath qu’a eu l’expérience que j’ai eue. » Nommé pour un Grammy, récipiendaire d’une Bourse du Patrimoine national de la part du NEA et membre du Temple de la Renommée de la Musique louisianaise, Ménard a joué pour des Présidents et des centaines de milliers de gens à travers le globe, parce qu’un jour, il a passé par la porte en arrière.