vendredi 29 mai 2015

Vive le Québec! Vive le Québec libre! Publié dans Acadiana Profile Juin-Juillet 2015

Vive le Québec! Vive le Québec libre!

Les influences ayant formé l’Acadiana sont multiples. L’arrivée et l’établissement des Français, des Créoles, des Acadiens et des peuples non-francophones, tels les Africains, les Allemands, les Italiens, les Irlandais, les Anglo-américains, ainsi que de nombreuses tribus amérindiennes déjà sur place, sont souvent évoqués. Un ami québécois m’a récemment fait remarquer que parmi tous ces liens, on a tendance à oublier ceux avec la Belle Province. J’ai dû admettre que malgré le soutien crucial que le Québec nous a apporté au début du mouvement pour la renaissance du français en Louisiane, on n’évoque qu’à peine leurs contributions. Il faut rectifier cette omission.

Lorsque la Louisiane a été fondée en tant que colonie en 1699, c’était sous l’égide d’Iberville, né à Ville-Marie en Nouvelle-France, aujourd’hui Montréal au Québec. La Nouvelle-France a existé depuis l’arrivée de Jacques Cartier en 1534 jusqu’à la fin de la Guerre de Sept Ans et le traité de Paris en 1763. Elle consistait du Canada, de l’Acadie et de la Louisiane. Il faut reconnaître que le vaste territoire de la Louisiane d’autrefois faisait partie de cette même zone, de ce grand rêve américain à la française, la Nouvelle-France.

Comme on était lié par la Mississipi, plusieurs de ces Canadiens-français ont suivi son cours jusqu’à chez nous. Les Ménard et les Larivière parmi d’autres sont arrivés en Louisiane par cette voie. Parmi eux étaient des coureurs des bois, célèbres pour leur traite de fourrure avec les Indiens. La différence entre eux et les Voyageurs, aussi connus comme fournisseurs de peau de bête assouvissant le grand appétit de la mode de l’époque, c’est que les coureurs des bois ne possédaient pas de permis de chasse de la part du Roi de France. Notre habitude de faire la chasse hors saison et sans permission ne date pas d’hier.

En sautant dans le temps, nous arrivons dans les années soixante. Côté Québec, comme ailleurs, ce sont des années charnières. La Révolution tranquille est une période dans l’histoire du Québec marquée par des changements sociaux et politiques rapides. L’élection de Jean Lesage comme premier ministre en juillet 1960, suivi par la création de l’Office de la langue française l’année suivante et celle du Ministre de l’éducation en 1964 sont considérées comme des étapes décisives. Presque du jour au lendemain, une nouvelle identité s’est forgée, nourrissant un mouvement séparatiste. L’Exposition universelle de 1967 met Montréal et tout le Québec sur la scène internationale. Mais l’événement cette année qui allait faire briller un feu de projecteur sur le Québec a eu lieu le 24 juillet. Le Général De Gaulle, alors président de la République française, s’est présenté sur un balcon à Montréal lors d’une visite officielle et en prononçant ces mots, a envoyé une onde de choc : « Vive le Québec! Vive le Québec libre! ». La phrase a instantanément fait le tour du monde et a mis le nom du Québec sur toutes les lèvres, à tel point que même les Chinois, selon le documentaire qui relate cette visite Le Chemin du Roy, ont dû inventer un nouvel idéogramme.


Il y a probablement un lien solide avec cette déclaration et les débuts du CODOFIL. Plusieurs témoins de l’époque m’ont raconté l’histoire d’un Français un peu mystérieux qui était aux côtés du Général à Montréal ce jour-là et qui, peu de temps après, aurait conseillé M. Domengeaux. J’ai entendu plusieurs versions différentes. On m’a même affirmé que c’était qui aurait soufflé à De Gaulle ses paroles légendaires. Il est certain que les activistes louisianais ont entendu ce cri de cœur et, sans vouloir former un gouvernement séparé comme dans le cas du Québec, ont été encouragés à poursuivre la lutte pour la survie de la langue française en Louisiane. Le Québec, représenté par Léo Leblanc, était un des premiers partenaires, avec la France, à nous envoyer des enseignants dès 1972. Une délégation québécoise, pas tout à fait un consulat à cause de son statut de province canadienne mais presque, était présente à Lafayette jusqu’au début des années quatre-vingt-dix. Depuis lors, on entretient des liens privilégiés avec le Québec, même si on n’en parle pas autant que de ceux avec la France et l’Acadie. Le Mississipi est un long fleuve pas toujours tranquille mais il nous rappelle notre appartenance à cette grande famille nord-américaine francophone.

mercredi 13 mai 2015

Le loup est lâché loose. En honneur de la retraite du Pr. Barry Jean Ancelet

Le loup est lâché loose
Sur un samedi soir en Louisiane
C’est Jean Arceneaux
You ought to know
Qui rôde la campagne
Du Marais Bouleur
Et les alentours
De la Pointe Noire
Aux Champs-Elysées
Montréal, Moncton, Dakar et Pointe-à-Pitre
Le loup-garou de Londres, c’est lui aussi
C’est lui qui rôdaille à travers le monde bien vite
Mais c’est pas un loup solitaire
Il mène une meute de ménestrels
Qui chante les complaintes des délaissées
Des orphelins et des soûlards
Un jour de Mardi Gras tout autour
De la table ronde
Pour faire d’autres petits loups tout partout

Le loup est lâché loose
Asteur y a yienque qui le tient
Les dernières chaînes tombent
Comme la chair tendre des os
D’un cochon de lait
Il rôde à travers la campagne
À chasser les fantômes
De ces centaines et centaines
De sacrées lignes
Pour qu’on parle français à l’école
Et n’importe éyoù-ce que tu veux ailleurs

Le loup est lâché loose
Et avec un cri du bayou
Il attrape son violon
Enfin une boîte de cigares
Une branche de bois inconnu en archet
Et des fils de bère à maringouin
Qui ont tout mangé ma belle
Et joue une tune
Pour arracher les larmes de tes yeux
Oh cher bébé
Le loup est lâché loose
On connaît pas éyoù-ce qu’il va après
Mais on connaît qu’il va continuer à emmerder les Américains
Qui veulent fermer son cercueil et le mettre dans la terre
Mais il se lève toujours

Pour demander une autre bière