Une
place à la table, enfin!
Pour
clore cette série célébrant le 50e anniversaire du CODOFIL,
j’aimerais vous poser une devinette : Trouvez l’intrus parmi l’Argentine,
la Corée du Sud, la Pologne, la Louisiane et l’Ukraine. Si je vous demandais quel
pays n’était pas membre observateur de l’Organisation Internationale de la
Francophonie qui compte parmi ses membres la France, le Canada et la Belgique,
lequel choisiriez-vous? Contre tout bon sens, la réponse correcte, c’est la
Louisiane. Étonnant, non? Malgré une population francophone, une agence d’état
dédiée à la langue française, des programmes d’immersion française, des
émissions de radio, une production musicale chantée en français et sa présence
à plusieurs sommets de la Francophonie en tant qu’invitée spéciale, la
Louisiane n’était pas, aux yeux de l’OIF, un pays francophone à part entière. Enfin, jusqu’à
présent, si on avait une place à la table, c’était la table d’enfants et pas
celle des grands. Mais, il y a du changement dans l’air alors que le CODOFIL
s’embarque sur la prochaine phase de son histoire
La
nouvelle directrice, Peggy Feehan, dévoile les grands axes de son avenir :
L’immersion va continuer son expansion dans la paroisse Lincoln, à Shreveport,
aux Natchitoches et, après tant d’années d’effort, même dans la paroisse Vermillon,
une des plus francophones de l’état; on va renforcer la formation de nos
propres enseignants en immersion – UL-Lafayette aura bientôt une maîtrise
d’éducation en immersion – ainsi diminuant notre dépendance sur la générosité
des étrangers; et, en même temps, on va transformer les étudiants francophones
aussi en professionnels francophones en développant les débouchés vers d’autres
métiers que l’enseignement. Puisque nous avons une jeunesse qui n’a pas honte
de parler français, nous pouvons envisager un destin sans contrainte et sans
entrave. En effet, autrefois confrontés à l’opprobre quand ils parlaient
français en public, les Francophones louisianais de nos jours peuvent se parler
sans craindre des insultes. Au contraire, souvent les autres expriment leur
regret de ne pas parler français. Qu’importe qu’on ait moins de Francophones au
XXIe siècle, ceux qu’on a parlent sans complexe et sans se soucier si c’est le
« bon » français ou pas.
Mais la plus
grande transformation pourrait avoir lieu les 11-12 octobre à Erevan en Arménie
lors le prochain sommet quand l’OIF va décider si, oui ou non, la Louisiane mérite
une place à la table des grands. La demande officielle était faite au printemps
dernier, il ne reste plus qu’à attendre. Dans la conclusion du dossier, on peut lire, « Plus
que jamais, la Louisiane reconnait que sa francophonie est une ressource
naturelle et renouvelable. Elle constate, toutefois, que sa durabilité et son
succès futurs dépendront des relations qu'elle entreprendra avec la
Francophonie internationale, dont elle compte s'inspirer des modèles sociaux,
politiques, économiques, professionnels et culturels de ses partenaires. La
Louisiane est prête à prendre sa place à la table. » Dans cinquante ans,
le CODOFIL a soulevé le voile sur une culture et une langue qui sont restées
longtemps honnies et cachées et qui ne désirent qu’une chose, c’est de vivre sa
vie en français au grand jour avec le reste de la famille.
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