Namasté,
vous autres
Notre
culture est tissée de fils venus de l’Europe, de l’Afrique et de l’Amérique,
nord et sud. Depuis la fin de la guerre du Viêt-Nam avec l’arrivée des réfugiés
dont certains parlaient français et d’autres cultivaient le riz et pêchaient la
chevrette, l’influence asiatique se fait sentir de plus en plus fort, notamment
dans la poursuite du restaurant servant le meilleur phở. Pourtant, la première colonie asiatique en
Amérique était probablement établie en 1763 au bord du Lac Borgne par des
rescapés philippins d’un galion de Manille commandé par l’Espagne. Le village,
détruit par un ouragan en 1915, s’appelait Saint-Malo et a peut-être fourni
quelques combattants qui ont pris les armes contre les Britanniques aux côtés
de Jean Lafitte cent ans avant. Plus tard, une autre communauté s’est créée
dans la baie de Baratarie où les habitants « dansaient les
chevrettes », c’est-à-dire qu’ils marchaient sur ces crustacées séchées au
soleil afin d’enlever la carapace. Enfant, lorsque je demandais d’où venaient
les petits sachets de « chevrettes sèques » qui se trouvaient à côté
des caisses au magasin, on m’avait toujours parlé du village sur pilotis de
« Little Manila ». De nos jours, la cuisine indienne est de plus en
plus populaire et même le Festival International de Louisiane a honoré la
musique et la culture de l’Inde pendant sa dernière Fête du Festival. Bollywood
et le curry ne sont pas les seuls produits culturels indiens pour lesquels
l’Acadiana cultive une appréciation grandissante. Aussi surprenante que cela
puisse paraître, le yoga, après un progrès lent et régulier, a pris de la
vitesse dernièrement et ne semble pas ralentir.
Une
des pionniers dans la région est Sally Hébert. Elle a grandi aux Opélousas mais
vit à Abbéville. Dans les années 70, elle et son mari Calvin ont lu un livre
sur le yoga, attisant leur intérêt. À l’époque, il n’y avait pas de classes de
yoga aux alentours. Ils ont glané ce qu’ils ont pu d’autres livres qu’ils ont
pu trouver sur le sujet. Ils devaient voyager loin, jusqu’aux côtes est et
ouest pour approfondir leurs connaissances. Petit à petit, ils ont participé aux
ateliers dans des villes de plus en plus proches : Atlanta, Austin, la
Nouvelle-Orléans et le Bâton-Rouge. Au début, les gens ne savaient pas trop
quoi penser ; est-ce que c’est une religion ou tout simplement bizarre ? Depuis
une dizaine d’année, elle voit une plus grande acceptation de cette discipline
venue d’Asie comme le constate aussi James Hébert, pas de lien de parenté, qui
le pratique depuis la fin des années 90.
Son
intérêt a commencé lors qu’un ami et collègue, un instructeur de yoga certifié
de surcroît, a partagé ses connaissances sur les philosophies orientales.
Quelques temps après, il se trouve sur le tapis en train d’essayer d’assouplir
son corps dans les positions traditionnelles en prêtant attention à sa
respiration. Seulement quelques classes individuelles existaient, les clubs de
sports et les centres de rééducation ne l’ayant pas encore offert régulièrement.
Les premiers instructeurs étaient des physiothérapeutes ou des masseurs qui
utilisaient le yoga comme supplément de traitement. Selon lui, le point
tournant est arrivé quand le gymnase de Red Lerille a commencé à offrir des
classes de yoga autour de l’an 2000.
Comment
le yoga avec sa discipline physique et son emphase sur le bien-manger, voire le
diète végétarienne ou même végane, peut-il s’accorder avec notre joie de vivre
et sa devise « Laissez les bons temps rouler » ? Sally pense que la
connexion est évidente : afin d’apprécier à fond la vie, il faut se sentir
bien dans sa peau. James reconnaît que la pratique assidue de yoga présente un
défi chez nous, mais remarque sa popularité croissante. La ténacité nécessaire
à le poursuivre pendant des années, un héritage de nos ancêtres enhardis par
maintes épreuves, peut-elle expliquer le succès du yoga, attesté par le
pullulement récent des cours de certification ? Enfin, un plus grand intérêt
dans les options alternatives pour se soigner ne rappelle-t-il pas la curiosité
renouvelée pour les remèdes que nos grand-mères concoctaient à partir des plantes
du jardin et de la forêt ? Quelle que soit l’origine, l’Acadiana adopte
toujours la meilleure partie des autres cultures.
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