jeudi 1 février 2018

Dr John Bertrand, l’homme qu’il fallait. Publié dans Acadiana Profile février-mars 2018

Dr John Bertrand, l’homme qu’il fallait

Après la mort de Jimmie Domengeaux en 1988, l’avenir du CODOFIL ne semblait pas assuré. Son fondateur lui-même avait exprimé quelques doutes sur la survie de cette organisation qu’il avait portée sur ses épaules depuis sa création en 1968. L’élan initial s’était essoufflé, l’état sortait péniblement d’une récession économique dévastatrice et l’éducation était en pleine évolution. Pour que cette agence unique puisse se pérenniser et se forger une identité séparée de celle de son fondateur, il fallait désigner un successeur capable de combiner l’expertise d’un éducateur chevronné, le savoir-faire d’un administrateur respecté et la vision d’un homme d’état. S’il avait fallu construire ce remplaçant hypothétique à partir de ces éléments, on aurait quand même fini par trouver le Dr John Avery Bertrand.

Né au Texas, sa mère repart bientôt vivre en Louisiane où la jeune veuve inculque à sa famille le sens du travail. Bertrand s’est vite distingué sur le plan scolaire, finissant son diplôme de l’école secondaire avec honneurs à l’âge de seize ans. Quelques temps après, il s’est enrôlé dans la Garde côtière pendant la Deuxième guerre mondiale. En 1946, retrouvant la vie civile, il s’est marié avec sa bien-aimée, Ella Mae Simar. Profitant de la législation sur les anciens combattants, il s’est inscrit à l’Institut du sud-ouest de Louisiane (aujourd’hui UL-Lafayette) d’où il a encore gradué avec honneurs. Ensuite, il a reçu une maîtrise de LSU et enfin un doctorat de l’Université du Texas à Austin en 1966. Tout en poursuivant ces diplômes, il se faisait la réputation d’un enseignant juste et innovateur, contribuant à sa montée dans le monde de l’éducation.

Après vingt ans de carrière, il s’est fait nommer Surintendant de la paroisse d’Acadie. Pendant son mandat de dix-neuf ans, il a fait construire de nouvelles écoles, a rénové les autres et a adopté les approches éducatives les plus progressistes. Il a même réalisé un exploit inouï pour l’époque : sous sa tutelle, la paroisse d’Acadie a réussi l’intégration raciale sans incident. Il a même inscrit sa propre fille dans une école intégrée, faisant preuve de son engagement. À sa retraite en 1984, son impact était immense et se fait sentir encore aujourd’hui.


L’année précédente, il avait été élu au conseil d’éducation pour la Louisiane, le BESE, où il a servi pendant seize ans. Il a réformé les qualifications des enseignants et les exigences de graduation des élèves, parmi beaucoup d’autres améliorations. De cette position, il a pu mener une politique en faveur du français qui a grandement contribué à son expansion dans les écoles, notamment la création des programmes d’immersion dont le plus vieux à Prien Lake Elementary existe encore. Son mandat de président du CODOFIL, qui a duré jusqu’en décembre 1993, était l’extension naturelle d’une vie dédiée au respect et au progrès de l’autrui. Il a fallu un homme de la trempe du Dr Bertrand, décédé en 2013, pour mener le bateau du CODOFIL dans les eaux incertaines de l’après-Domengeaux, un homme qui savait manœuvrer entre les mondes de l’éducation et de la politique.

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