Warren
Perrin, à la poursuite de la justice
Il
est vrai que la vérité sort de la bouche des enfants. En apprenant l’histoire
du Grand Dérangement, le jeune fils d’un avocat cadien demande à son père tout
innocemment si ses ancêtres acadiens n’étaient pas des criminels puisque la loi
anglaise l’avait décrété ainsi en les expulsant de l’Acadie, rebaptisée Nouvelle-Écosse.
Cette remarque a déclenché la transformation de Warren Perrin en militant
culturel et éventuellement en troisième président du CODOFIL de 1994 à 2010, en
passant par celui qui a défié la couronne anglaise. Auparavant, il était
juriste à succès avec un grand cabinet à Lafayette et un petit bureau dans son
village natal d’Erath dans la paroisse de Vermillon. Cette simple question
posée en 1988 l’a poussé, après de longues négociations avec les représentants
de la Reine Elizabeth II, à obtenir en 2003 des excuses officielles pour la
déportation des Acadiens.
Le
mandat de Perrin était marqué par l’expansion des programmes d’immersion et la
bataille contre des stéréotypes négatifs des Francophones louisianais. Selon
lui, son objectif principal était de réunir et d’attirer l’attention sur les
Francophones louisianais au niveau de l’état et à l’international. Un de ces
premiers actes était de rassembler le temps d’un weekend plusieurs individus
importants dans les mouvements culturels francophones. Se référant à une
organisation acadienne d’autrefois, la Patente, il s’est mis à l’écoute des
gens pour savoir dans quelle direction il devrait pousser le CODOFIL. Il a
notamment mené, et mène toujours, un combat contre l’utilisation d’un terme, encore
largement répandu dont l’origine même est controversée, désignant le derrière
d’un chaoui comme symbole de tout un peuple.
Il
a servi quatre gouverneurs et était à l’origine de la création de la section
francophone du barreau louisianais. Il a représenté la Louisiane à cinq Sommets
de la Francophonie. Pour son premier, à Hanoï en 1997, il a voyagé dans l’avion
du Président français Jacques Chirac qui, dans sa jeunesse, avait conduit un
taxi à la Nouvelle-Orléans. Selon Perrin, le Congrès Mondial Acadien 1999 était
un moment clé dans le développement d’une idée d’appartenance à une
francophonie mondiale basée sur les liens de parenté et d’amitié. Plusieurs associations
familiales formées à l’occasion existent encore, comme la Famille Beausoleil
Broussard qui est à l’origine du Projet Nouvelle-Acadie. En tissant ces liens,
Perrin a réduit l’isolation culturelle et linguistique des Louisianais
francophones et a ouvert de nouveaux horizons vers l’avenir.
Développer
le tourisme culturel, apprendre le français aux enfants et restaurer la fierté
dans notre culture francophone; voilà les grands objectifs qu’il a visés et
qu’il a atteints. Il est toujours actif dans la culture avec le Projet
Nouvelle-Acadie qui cherche l’endroit exacte où est enterré quelqu’un d’autre
qui a défié la couronne, Beausoleil Broussard, dont il est descendant. Auteur
de bientôt neufs livres sur l’histoire acadienne en Louisiane, Perrin s’est
construit une autre œuvre autour de la fierté d’être cadien et francophone qu’il
veut transmettre à une nouvelle génération. Tout ça, pour prouver à son fils,
et à nous tous, qu’on n’est pas des criminels aux yeux de la loi.
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