Le
Campus Saint-Luc : Un centre d’immersion et campus culturel à Arnaudville
Au
bout de la péninsule canadienne de la Nouvelle-Écosse, à plus de deux mille
miles de la Louisiane, se trouve un petit village à côté de la baie
Sainte-Marie qui s’appelle la Pointe-de-l’Église. Avec un peu plus de mille
habitants, on sera surpris d’apprendre qu’il y siège une université francophone.
Ce qui serait encore plus étonnant pour les non-initiés, c’est que l’Université
Sainte-Anne, avec ses programmes d’immersion française, compte parmi ses
anciens étudiants des centaines de Louisianais. Depuis une trentaine d’années,
des dizaines de jeunes et moins jeunes de notre état font le long périple chaque
été vers la terre ancestrale des Acadiens afin de se réapproprier la langue de
nos aïeux. Le voyage n’est pas facile et peut coûter cher, sans compter les
frais d’inscription. Depuis des années, on se dit que s’il y a une telle
demande, s’il y a tant de gens qui sont prêts à faire le sacrifice et dédier
six semaines de leur vie, souvent en prenant leurs journées de vacances pour
s’absenter de leurs obligations professionnelles et personnelles, il doit y
avoir un marché énorme pour les Louisianais moins avantagés financièrement,
mais autant motivés à apprendre le français.
George Marks |
C’est
l’essentiel d’une conversation que j’ai eue avec George Marks, artiste et
activiste à Arnaudville, presque dix ans passés. Je lui ai dit le type de
bâtisse qu’il faudrait : une cuisine, une salle à manger, des salles de
classes, une chambre commune et des chambres à coucher. Le tout dans un
environnement francophone où les étudiants pourraient pratiquer leur français
en public. Avec son énergie habituelle, George m’a dit de monter avec lui dans
son char. « Je vais te montrer quelque chose, » m’a-t-il dit. Deux
minutes plus tard, on descendait devant un hôpital désaffecté situé au milieu
d’un grand terrain. Il ouvre la porte et on entre. Dedans, on trouve tout ce
dont une école d’immersion pour adultes aurait besoin. Il n’y avait qu’un
problème, mais il était de taille. La bâtisse n’appartenait pas à une, mais
deux paroisses : Saint-Martin et Saint-Landry. La politique étant ce
qu’elle est en Louisiane, il a fallu la patience d’un saint pour qu’on arrive,
dix ans plus tard, à la vente de l’ancien hôpital Saint Luke à une organisation
à but non-lucratif, le Centre d’immersion et campus culturel Saint-Luc, présidé
par l’infatigable Mavis Frugé.
Saint
Luc est le saint patron des médecins et des guérisseurs, mais aussi des
sculpteurs et des peintres. Son symbole est le taureau pour représenter le
sacrifice. Ce n’est que justice poétique qu’avec l’aide d’un groupe d’artistes un
ancien hôpital devienne, après une décennie de persévérance, un centre culturel
et linguistique accueillant celles et ceux qui souhaitent remédier les maux
perpétués sur les générations précédentes de Louisianais privés de leur langue
d’héritage. Des étudiants d’ailleurs vont se joindre à eux, comme c’est déjà le
cas avec le programme Sur Les Deux Bayous, infusant de l’argent à l’économie
locale et créant une communauté francophone centrée à la jonction des bayous
Fuselier et Tèche.
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