Dans le sud du Lac Charles, sur la rue Common, il existait un voisinage comme on ne reverra peut-être plus jamais. Une exception maintenant, les communautés soudées, par nécessité et par choix, était plutôt la norme à l’époque. Parfois liés par la parenté, souvent par le besoin de partager le travail et les célébrations de la vie, les habitants de la Butte des chiens ont formé un de ces groupes uniques. Elle a produit un homme qui s’est distingué dans deux domaines souvent associés chez les Créoles : le zarico et les chevaux. Les randonnées à cheval en témoignent du lien intime. Wilson Chavis, Sr., dit Boozoo, était non seulement un des grands de la musique zarico avec une carrière en deux volets, mais aussi un entraineur de chevaux de course hautement recherché. « Mo gain papier dans mon soulier », raconte l’histoire d’un jeune homme pauvre qui, faute de pouvoir s’acheter de nouvelles chaussures, mettait du papier dans ses souliers troués. Sortie en 1954, avec plus 100,000 exemplaires vendus, la chanson était un énorme succès. Malgré sa popularité, méfiance du côté parfois malhonnête de l’industrie musicale l’a décidé de quitter la scène et de se consacrer aux chevaux de course pendant une vingtaine d’année.
Dessin de Sara Willia |
Le musicien zarico Sean Ardoin se
rappelle avec nostalgie les concerts que Boozoo et sa famille donnaient à la
Butte des chiens. « Il n’y avait jamais de problème. Tout le monde se
respectait. Le respect, ça manque aujourd’hui. » Cette célébration était
toujours le jour de la fête du Travail. Le
fils de Boozoo, Wilson Jr., dit Pancho, raconte, « le monde venait de partout.
C’était devenu tellement grand qu’on a dû
trouver un endroit plus grand. » En
2019, le 35e et dernier festival a eu lieu, victime comme tant
d’autres, du COVID. Pour l’instant, il n’y a pas de plans de recommencer mais,
comme dit Pancho, « ce n’est pas hors de question. » En attendant son retour, on peut encore danser
le zarico à « La Butte des chiens, ayoù y a toutes les jolies femmes. »
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